Toi qui as bénéficié d'une mesure gouvernementale légitime imposant le moratoire sur les expulsions au vu des circonstances sanitaires, tu vas rejoindre la masse de ceux qui, ce premier septembre, seront expulsés.  Mais, comme l'a dit la Ministre du Logement, Madame Ben Hamou, lors d'une récente interview, tu as eu suffisamment de temps pour prendre contact avec les services concernés pour ton relogement. 

 

Le Gouvernement Bruxellois a-t-il seulement anticipé la résorption de cette masse de futurs sans logis? 

Dès que tu as su que tu devais quitter ton logement, tu t'es mis en recherche d'un nouveau toit, mais avec le Covid et le confinement, tu n'as pas pu visiter ou réaliser les démarches pendant trois mois.

Qu'aurais-tu dû mettre en place pendant le déconfinement? Premier reflex, t'inscrire dans le logement social avec l'espoir d'obtenir un logement en urgence. Seulement, si tu es expulsé parce que tu n'as pas été en mesure de payer ton loyer, tu ne pourras pas prétendre à l'urgence.  Sinon, il te faudra compter une moyenne d'attente de 7 à 12 ans, selon ta situation.

Fort de ces informations, tu comptes t'inscrire dans une agence immobilière sociale, les loyers y sont plus chers que dans le logement social, mais c'est mieux que de se retrouver à la rue.  Pas de chance, les listes d'attente sont complètes jusqu'à l'année prochaine ou tu dois trouver un service envoyeur qui leur soumettra ta candidature. 

Fort de cette information, tu te rends au service logement de ta commune ou de ton CPAS, pour autant qu'il y en ait un, qui lui va t'orienter vers le logement social, les AIS ou un centre d'hébergement d'urgence. Sympathiquement, il t'informe que ces derniers sont déjà saturés.

Si tu comptais sur un logement communal, pour autant que tu rentres dans les conditions d'inscription et/ou d'octroi, là aussi, tu te retrouves dans l'impasse.  Les listes sont tout aussi longues et les disponibilités quasi inexistantes.

Fort de cette information, tu te dis qu'il reste les hôtels ouverts en urgence à cause du Covid.  Tiens, non, certains sont en train de fermer et on remet les gens à la rue.

Il te reste à prendre l'initiative de contacter la Ministre pour savoir de quels services elle parlait.  Il y a sûrement une solution puisque le volume d'expulsions aura été anticipé... Les services travaillant classiquement dans le relogement auront probablement reçu des moyens supplémentaires pour gérer cette crise.

Si ce n'est pas le cas, ne t'inquiète pas, comme chaque année, c'est prévu, tu n'auras que quelques mois à patienter en rue, le plan hiver et ses hébergements d'urgence arrivent bientôt.

  •      Olivier, capteur logement chez Infirmiers de rue

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