Je suis allée, en équipe mixte, voir deux frères que nous suivons en logement. Ils sont assez jeunes par rapport à nos patients habituels. Nous avions rendez-vous chez l'un d'eux pour partir ensemble au cimetière, afin d'aller voir la tombe de leur maman. Ils sont en demande d'y aller chaque année ensemble en janvier, à l'anniversaire de sa mort. Une fois sur place, ils se sont recueillis l'un après l'autre. Ma collègue et moi sommes restées sur le côté pour les laisser en paix.

Après ce moment quelque peu intense, nous sommes allés manger un bout tous les quatre. Alors qu'on appréhendait un peu (leur relation peut s'avérer tantôt fusionnelle, tantôt conflictuelle), ce fut un moment suspendu dans le temps. Le lien s'est encore plus resserré, et ils nous ont renvoyé l'importance qu'ils mettaient dans le fait qu'on soit présentes avec eux dans cette démarche. Comme si Infirmiers de rue était une famille qui les aide à grandir et porte le souvenir de leurs parents, que nous avons connus également. C'était très touchant, et je me suis rendu compte de la place qu'on a en tant que travailleur·euses de terrain, de la belle relation de confiance qui existe.

Sur le chemin du retour, il faisait très calme. On a écouté de la musique. Les deux frères sont restés silencieux, dans leurs pensées. Ils nous ont remerciées et nous ont expliqué qu'ils ne l'auraient pas fait sans nous.

Ma collègue et moi avons été fort marquées par cet accompagnement, à l'atmosphère authentique et vraie, intime même, loin des démarches médico-sociales habituelles. C'est dans ces moments que le travail prend tout son sens.

 

Témoignage de Clémence, travailleuse sociale et chargée de formations 

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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.