Il est évident que ma fonction d’assistante sociale m’amène à me focaliser sur le suivi socio-administratif de nos patients, mais pas seulement.
Ils ont des vécus très chargés, mais sont aussi plein de ressources et de forces en eux, qu’ils ne décèlent, en général, plus.
Dans ce contexte, je trouve que la notion de « se faire plaisir » est très importante car elle participe au mieux-être de la personne.
Cela me fait penser à une de nos patientes, Madame J., que je suis dans son logement depuis mon arrivée chez IDR.
Elle a vécu longtemps en rue, puis suite à un long séjour en psychiatrie, elle s'est stabilisée et vit maintenant en appartement depuis quelques années. Nous l’avons accompagnée durant chaque étape de son parcours.
Ce qui m’a frappé chez elle, au début, c’était son apathie. En effet, elle n’aimait pas trop parler, elle ne voulait pas décorer son appartement, elle n’avait pas d'envie particulière.
Au fil des rencontres, nous avons pu nouer un lien et toute l’équipe à œuvré à lui faire reprendre goût aux petites joies de la vie: se préparer une salade, se promener, décorer son appartement, s’acheter des vêtements pour remplacer les anciens qui sont troués, rire, etc.
Petit à petit, j’ai l’impression que Madame a commencé à ressentir du plaisir et qu’elle s'est ouverte à découvrir de nouvelles choses.
D’ailleurs, nous allons prochainement organiser la visite d’une pépinière avec elle, et elle s'offrira, peut-être, une plante.
Cette perte d’envie, de projet, de plaisir qui peut caractériser l’état dépressif, la perte de confiance en soi, etc., est un dénominateur commun chez beaucoup de nos patients.
Le suivi médical et social, que nous mettons en place chaque jour, au rythme de la personne, nous permet de diminuer sa charge mentale et de laisser place à une certaine liberté psychique.
Je suis toujours ravie quand ils arrivent à prendre plaisir, à s’émerveiller des petites choses de la vie et surtout à se projeter vers un avenir différent de celui dans lequel ils peuvent s’enfermer. En d’autres termes, avoir des rêves et des projets.
Après cette étape de stabilisation en logement, mes collègues de l'équipe "My Way" prendront le relais.
Madame continuera ainsi à être accompagnée pour tendre vers un mieux-être, vers un équilibre, qui est finalement différent pour chacun.
Nassira, assistante sociale
Sans vous, il n'y a pas de nous.
(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte.