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2024 aura été une année d’apprentissages, mais à notre corps défendant : la vie de notre association n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et les erreurs sont sources d’enseignements.
A Bruxelles, avec les agréments de financements avec la Région, une certaine stabilité se fait jour pour nos équipes rue et logement. Après des années de financements aléatoires – ou pas de financements du tout – un élément de stabilité bienvenu dans un contexte social plus incertain. A Liège, un financement inattendu nous a permis de préserver notre équipe, mais rien n’est garanti pour l’avenir. Nous sommes néanmoins décidés à profiter de cette nouvelle législature pour progresser dans la pérennisation de notre action. Nous projetons aussi d’implanter nos logements modulaires à Liège dès 2025.
Le manque de logements, plus marqué pour le moment à Bruxelles qu’à Liège, apparaît comme une des deux grandes contraintes sur notre travail, et celui d’autres associations, menaçant même de faire fermer certains projets. Pour la première fois depuis 2018, nous n’avons pas réussi à avoir les logements dont nous avions besoin pour nos patient·es, dont certains sont donc restés en rue. Et nous prévoyons que la situation va encore s’aggraver en 2025 !
La question des sans-papiers est la deuxième contrainte, apparue ces dernières années, avec de plus en plus de sans-papiers parmi les personnes sans-abri plus vulnérables, mais pour qui nous nous sentons démunis : sans droits, et sans espoir de régularisation, que faire ? Nous avons décidé de nous pencher sur cette question, avec la ferme volonté de trouver des moyens de reloger également ces personnes.
Grâce à une subvention de la Fondation Roi Baudouin, nous avons pu préparer l’introduction d’une nouvelle fonction sur le terrain : les psychologues, qui viendront aider l’équipe à avoir des comportements adéquats face à tous nos patients ; qui vont nous aider à mieux comprendre problèmes de santé mentale de ceux-ci ; et surtout, grâce à un investissement du réseau de soins de santé mentale, mieux les référer vers des professionnels de la santé mentale qui pourront les aider sur le long terme. Notre équipe généraliste fait du soutien, et crée des conditions pour le rétablissement, mais il nous faut des professionnels spécialisés dans ces soins, qui puissent prendre le relais.
Notre fondation immobilière CASA+ existe officiellement depuis avril 2024. Son objectif est de faciliter, par tous les moyens possibles, la mise à disposition de logements pour nos patients, et à terme pour toutes les personnes sans-abri.
Les premiers contacts pris et les projets abordés en 2024 ont permis de mieux comprendre - parfois un peu dans la douleur - quelles sont les possibilités et contraintes de cette activité. En 2025 nous allons rencontrer une série de partenaires pour affiner le modèle de fonctionnement, clarifier les contraintes financières, et ensuite entamer la recherche de fonds publics et privés. Nous sommes conscients que ce travail ne produira de résultats tangibles que sur le long terme, mais il est essentiel pour mettre fin au sans-abrisme.
Enfin, notre équipe plaidoyer a bien travaillé, puisque le 14 mars 2024, le gouvernement bruxellois adoptait le principe d’un quota de logements sociaux réservés chaque année pour les personnes sans-abri. Une belle réussite et une façon pour nous de sécuriser ce qui devient petit à petit le nerf de la guerre que nous menons au sans-abrisme : l’accès à des logements abordables.
Dr Pierre Ryckmans, co-coordinateur et responsable médical