Infirmiers de rue réclame un système carcéral qui mène à la réinsertion

Du 19 novembre au 5 décembre 2021 auront lieu les Journées Nationales de la Prison. Un groupement pluraliste d’associations et d’organisations a initié ces journées voilà plusieurs années afin d’informer et de stimuler la réflexion sur la situation carcérale en Belgique.

Cette situation est plus que préoccupante, comme le dénonce notamment la section belge de  l’Observatoire International des Prisons: à la surpopulation et au manque d’effectifs structurels sont venus s’ajouter les difficultés liées à la crise du COVID.

Parmi les patients d’Infirmiers de Rue, certains passent à un moment ou un autre par la case prison. Leur prise en charge ne peut s’arrêter aux murs de ces établissements pénitentiaires. Et pourtant, nous faisons face à de nombreuses difficultés :

  • il est difficile pour nous de rendre visite à nos patients en prison et quand c’est possible, les conditions chaotiques dans les « parloirs sociaux » rendent le dialogue très difficile. Pourtant, l’accès à nos patients nous permet de poursuivre leur suivi et de renforcer le lien, essentiel sur le long terme.
  • les contacts avec les travailleurs de la prison sont également très compliqués
  • la prise en charge des personnes présentant des problèmes de santé mentale est totalement insuffisante, quand elle existe. La place de ces personnes n'est d’ailleurs pas en prison, mais bien en institution de défense sociale, dont le dispositif a notamment pour but de leur assurer des soins appropriés.
  • les démarches sociales sont en « stand-by » quand la personne est incarcérée (à part l'adresse de référence) alors que souvent la condition pour sortir (avec bracelet éventuellement) est d'avoir un logement. Nous avons des pistes de logement mais la condition pour Infirmiers De Rue ainsi que pour les Agences Immobilières Sociales est que le patient/détenu dispose d’un revenu.  
  • l’absence de plans de sortie qui tiennent la route, a pour conséquence que des personnes qui sortent de prison se retrouvent en rue, ou, parfois pire, squattent chez un autre de nos patients, compromettant les chances de l'un et de l'autre de retrouver un logement et une situation stables.

L’article 9 de la Loi de principes concernant l’administration pénitentiaire ainsi que le statut juridique des personnes détenues stipule que « le caractère punitif de la peine privative de liberté se traduit exclusivement par la perte totale ou partielle de la liberté de mouvement et les restrictions à la liberté qui y sont liées de manière indissociable. L’exécution de la peine privative de liberté est axée sur la réparation du tort causé aux victimes par l’infraction, sur la réhabilitation du condamné et sur la préparation, de manière personnalisée, de sa réinsertion dans la société libre [...] ».

Cette réinsertion et cette réhabilitation sont conditionnées aux soins notamment psychologiques et à l’existence d’une solution durable de logement à la sortie de prison.

Tout ce qui peut faciliter le suivi de nos patients en prison y contribuera de façon décisive.