Les plaies et les maladies chroniques, telles que le diabète ou l’hypertension, constituent des problèmes de santé fréquents chez les personnes sans-abri. Les conditions de vie précaires, l'accès limité aux soins et les comorbidités récurrentes compliquent considérablement la prise en charge de ces affections.
Facteurs de risque accrus
Les personnes sans-abri sont exposées à divers facteurs de risque qui augmentent la probabilité d'apparition de plaies. L'exposition à la violence, les chutes souvent liées à la consommation d'alcool ou de drogues, ainsi qu'un risque accru de morsures ou de piqûres d'animaux et de parasites, sont autant d'éléments qui contribuent à cette situation. De plus, les conditions de vie précaires, marquées par l'exposition aux intempéries et le manque d'hygiène, favorisent l'apparition et l'aggravation des plaies. L'accès limité aux installations sanitaires accroît également les risques d'infection et de complications graves.
Retards dans la prise en charge
Le recours tardif aux soins de santé et le renoncement à ces derniers représentent des problématiques majeures. Souvent, les personnes sans-abri ne consultent les professionnels de santé que lorsque leur problème de santé affecte directement leur quotidien, comme un ulcère de jambe entravant leur mobilité. Par ailleurs, la perception négative des structures de soins et des interactions avec les soignants peut également dissuader ces personnes de chercher de l’aide. Une expérience négative, souvent due à la stigmatisation ou à une prise en charge inadaptée, peut entraîner une perte de confiance envers le personnel médical, rendant la fidélisation aux soins encore plus difficile.
Types de plaies fréquentes
Les plaies les plus courantes chez les personnes sans-abri sont souvent causées par le grattage compulsif lié aux parasites. Les conditions de vie dans la rue favorisent la prolifération d’organismes tels que les puces, les poux et la gale. Le grattage excessif peut entraîner des plaies qui, sans traitement rapide, s'infectent gravement. En outre, des plaies chroniques résultant de chutes, d'injections de drogues ou d'altercations sont également fréquentes. Les ulcères de jambe, souvent dus à une mauvaise circulation sanguine exacerbée par des conditions comme le diabète ou une mauvaise nutrition, nécessitent un suivi régulier et des soins appropriés, ce qui est difficile à maintenir dans un contexte de précarité.
L’accès aux soins : un défi
L'accès aux soins est un autre facteur clé dans la chronicité des plaies. Les rendez-vous médicaux exigent souvent ponctualité et patience, deux éléments difficiles à respecter pour une personne en situation de précarité. Les priorités quotidiennes, telles que la recherche de nourriture ou d'argent, prennent souvent le pas sur les soins de santé. De plus, le regard des autres dans les salles d'attente et le désir de retourner à la rue compliquent encore l'accès régulier aux soins.
Comorbidités et malnutrition
Les personnes sans-abri souffrent souvent de comorbidités qui compliquent la guérison des plaies. Le diabète, par exemple, est un facteur de risque majeur pour le développement d'ulcères du pied. Les troubles psychiatriques et les addictions peuvent également réduire l'observance des traitements. La malnutrition, fréquente parmi cette population, entrave la cicatrisation des plaies, les carences en vitamines et minéraux essentiels, comme la vitamine C et le zinc, étant particulièrement problématiques. De plus, le manque de sommeil, courant chez les personnes vivant dans la rue, aggrave cette situation, la cicatrisation nécessitant un repos suffisant.
Quelle prise en charge ? : l'approche de « l’aller vers »
L'approche dite de « l’aller vers » est essentielle dans le travail d'Infirmiers de rue. Contrairement à la situation classique où le patient se rend dans une structure de soins, ici, le professionnel se déplace vers le patient, cherchant à l'inciter à utiliser les structures de soins tout en respectant ses besoins et ses envies. Étant donné que la rue n’est ni un lieu de vie ni un lieu de soins, il est impossible d’y prodiguer des soins de plaies adéquats.
Importance des équipes mobiles
Les équipes mobiles et les programmes de soins infirmiers de proximité sont cruciaux pour offrir une prise en charge globale, intégrant médecins, infirmiers, travailleurs sociaux et psychologues. Lors de chaque rencontre, nous identifions les problèmes de santé de la personne et délivrons des messages de prévention adaptés. Il est essentiel d'orienter les patients vers des partenaires adéquats pour garantir l'accès à des installations sanitaires, des vêtements propres et une alimentation équilibrée, éléments fondamentaux pour la prévention et le traitement des plaies.
Conclusion
Les plaies chez les personnes sans-abri représentent un défi majeur de santé publique nécessitant une approche coordonnée et globale. En mettant en place un accompagnement adapté aux besoins spécifiques de cette population, il est possible d'améliorer significativement leur santé globale et de réduire les risques de complications graves. Les professionnels de la santé, en particulier les infirmiers, jouent un rôle crucial dans cette démarche en rendant les soins plus accessibles et continus.
*Article de Cloé, infirmière en rue