Infirmiers de rue n'est pas impliqué dans la grève de la faim des sans-papiers de l'église du Béguinage, de la VUB et de l'ULB.

Néanmoins, Infirmiers de rue est très préoccupé par le sort des personnes en grève de la faim.

Comme beaucoup d'autres, nous demandons, attendons, espérons ... qu'une solution sera bientôt trouvée pour eux. Cette solution ne peut être que politique.

Ceux qui s'occupent des personnes sans-abri à Bruxelles ne peuvent pas échapper au problème de la migration irrégulière, des personnes sans documents officiels, d'une politique migratoire incohérente, voire inexistante, en Belgique, en Europe, dans le monde.

En effet, certains de nos patients sont des personnes sans-papiers. Une grande partie des personnes vivant dans la rue sont des sans-papiers. Et nous en voyons les conséquences tous les jours.

Ces derniers jours, nous avons publié le témoignage de notre collègue infirmière Blanca et de notre patient Monsieur L. Malgré le fait que son corps soit mutilé, qu'il n'ait qu'une jambe, il est un être humain de chair et de sang. De plus, il a une personnalité forte et sympathique, que les personnes qui l'entourent apprécient. Il a un corps et un esprit, tous les éléments qui font de lui un être humain.

"Si je veux raconter quelque chose sur lui aujourd'hui, c'est parce que l'histoire de sa vie dans la rue me touche tellement. Pourquoi ? Parce qu'il essaie tellement de s'améliorer, de décrocher de l'alcool et d'aller de l'avant. Mais à partir d'un certain point, la progression s'arrête et il retombe à nouveau."

Parce que Monsieur L. n'a pas de papiers. Et donc, selon les conventions de notre société, il n'est pas un véritable être humain. Il est autorisé à mourir, dans la rue, dans une église, sur un chantier, ... de préférence dans l'anonymat.

"Ils n'ont pratiquement aucun droit et sont exploités. Dès que leur corps se décompose, ils deviennent sans valeur pour l'économie, tout comme une machine. Ils sont laissés sans ressources, avec pour seul droit celui de se rendre dans les services de santé - mais même cela est compliqué. Ce que les gens oublient, c'est que nous avons besoin d'un toit au-dessus de nos têtes pour nous sentir en sécurité, pour pouvoir vivre dignement et pour prendre soin de notre santé."

En tant qu'Infirmiers de rue, nous ne pouvons pas accepter cela. Notre perspective est humanitaire, nous plaçons l'être humain en tant qu'être humain au centre. En tant que professionnels de soins (médicaux), nous aidons les personnes à vivre ou à survivre dans des conditions dignes & humaines et à trouver une place dans la société.

Nous sommes conscients que les problèmes sont complexes et qu'il y a beaucoup à évaluer. Mais en même temps, nous sommes convaincus que notre société a tous les moyens à sa disposition pour assumer de façon humaine sa responsabilité envers nos semblables en détresse, quelle que soit leur origine et leurs motivations.

Avec nos propres ressources, qui nous sont confiées par le gouvernement et le public, nous le faisons là où nous le pouvons. Nous attendons la même chose de nos décideurs politiques.

"Le problème est le suivant : il n'a pas de papiers. Et ça le bloque. J'admire son courage quand je vois comment, malgré tous les revers, il continue à essayer."

Nous attendons avec impatience le moment où "être humain" ne dépendra plus d'un papier.

 

Photo: Pierre-Yves Jortay