Cela fait une semaine que je suis arrivée chez IDR. Aujourd’hui a lieu ma première rencontre avec un patient. Je suis excitée, enthousiaste, mais j’ai évidemment quelques appréhensions : est-ce que Monsieur M*. va bien vouloir de ma présence, est-ce qu’il sera content de me rencontrer, comment va-t-il vivre cette rencontre ?… Les questions se bousculent dans ma tête.

Nous arrivons à la Maison de Repos et de Soins (MRS) où Monsieur vit actuellement. Ce lieu de vie ne correspond pas à ses besoins mais nous n’avons pas d’autres choix. C’est, actuellement, la seule option que nous avons pour éviter que Monsieur ne se retrouve en rue. Il ne s’y sent pas bien et fugue régulièrement.

L’objectif de la visite est d’emmener Monsieur visiter une IHP (Institution d’Habitations Protégées), afin de voir s’il pourrait obtenir une place dans un lieu plus adapté à ses besoins.

Nous arrivons donc à la MRS. Il nous attend et semble content que nous l’emmenions. Nous le saluons et il nous tend immédiatement la main pour nous dire bonjour. Il ne parle ni français, ni néerlandais mais un anglais approximatif. Je m’attendais donc à une rencontre plutôt distante mais ce ne fut pas le cas. Mes doutes et mes craintes se sont immédiatement volatilisés.

Depuis ce jour, nous avons essayé de trouver un lieu plus adapté aux besoins de Monsieur car il n’a pas obtenu de place dans cette IHP. Cependant, cette démarche se révèle extrêmement complexe, car pour une personne souffrant d'alcoolisme, de nombreux obstacles se dressent sur son chemin.

Quatre mois après cette première rencontre, nous avons perdu sa trace. Nous avons contacté le réseau, mais malheureusement, personne n’a de nouvelles. Aujourd’hui, nous ignorons si nous allons retrouver Monsieur M.

La disparition de nos patients fait partie de notre boulot et c’est une réalité que j’ai dû apprendre à accepter.

 

Gaëlle, assistante sociale

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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.